Une arrivée apaisante [PV Kamui]

Kasumi venait à peine de poser le pied au Japon, pays de son enfance et de ses premières expériences qu’elle avait déjà envie de retourner en Allemagne. En effet, ce pays avait tellement changé, elle était si peu habituée à toute cette infrastructure moderne et aseptisée que ça l’en dégoûtait. Même si d’un certain côté, cela voulait peut être signifier que les gens avaient changé, mais la jeune fille se refusait de penser à une pareille utopie. Elle avait certes réappris à faire confiance aux hommes, mais dans ce pays, siège de tant de peine pour sa famille, elle ne se sentait pas tranquille. La future lycéenne préférait ne pas partir trop optimiste, ainsi elle ne sera pas désagréablement surprise de ce qu’elle y trouvera ici. De toute façon étant donné de la manière dont Kasumi avait quitté l’Allemagne, elle avait le droit d’être déprimée ! Après tout, elle avait dû se lever très tôt, se préparer psychologiquement à quitter ses proches, sa famille, ses amis. D’ailleurs la tronche de ceux-ci le matin du départ en disait long sur leur envie que la jeune fille parte. Ils ne pouvaient absolument rien y faire… Kasumi avait pensé à tort, espéré secrètement, qu’elle aurait pu rester parmi eux, mais personne n’avait dit qu’on l’adopterait ! C’est pourquoi elle ne fit aucune protestation, se contentant de se réjouir d’avoir été hébergée avec des personnes aussi exceptionnelles.

C’est ainsi qu’elle quitta l’Allemagne dans le sang et les larmes, le souvenir de leurs visages figés et tristes en mémoire. Elle, par contre, essayait de sourire, de relativiser, mais une fois dans l’avion à destination du Japon la jeune fille montra sa tristesse au plein jour. Bref, Kasumi était maintenant arrivée dans cet aéroport flambant neuf. Elle avait maintenant pour mission de trouver un taxi pour l’emmener au pensionnat Watari. Et c’est ce qu’elle fit avec succès. Cependant, le chauffeur la regardait d’un air bizarre, à cause de son accent, et de son japonais un peu approximatif sûrement. Le voyage fût pénible. Tokyo semblait une ville où les embouteillages étaient la règle et où aucun coin de verdure était discernable. La future étudiante, cette fille aux grand yeux violacés expressifs soupira légèrement, regardant les quelques nuages qui obscurcissaient ce ciel d’été.

Après un voyage de plusieurs heures mais qui avait semblé à la jeune fille duré une éternité étant donné le mutisme du chauffeur, ils arrivèrent devant le pensionnat Watari. Kasumi, vêtue d’une petite robe blanche simple mais raffinée et coquette descendit de ce taxi pourri et prit ses bagages, remerciant au passage le conducteur pour ce fabuleux voyage. Etant donné la pénibilité de celui-ci, la future pensionnaire affichait curieusement un petit sourire… mais rien à voir avec son sourire habituel et enjoué ! Ca n’était qu’un sourire de façade. La jeune fille traversa donc l’allée avec ses quelques bagages sous le regard de quelques jeunes gens. Bah, ils devaient la regarder parce qu’elle paraissait bizarre, ou pour son nombre de valises ! De toute façon, elle ne pouvait pas imaginer d’autres choses… Une fois arrivée à la fin de cette mythique allée que tant d’élèves doivent emprunter chaque jour, Kasumi poussa la grande porte d’entrée donnant sur un hall majestueux. Elle se posta au milieu de la grande salle, cherchant de son regard une possible hôtesse d’accueil. Qu’elle finit par trouver, sauvée par les panneaux d’affichage affichant les lieux en japonais et anglais. Ca allait être dur au début de se réhabituer à cette langue qu’elle ne cessait de fuir… Mais comme lui dit plus tard l’hôtesse d’accueil, elle ne commençait pas les cours tout de suite mais une semaine après son arrivée. C’était vraiment un charmant accueil ! Ainsi elle pourrait s’installer tranquillement, se repérer dans la ville et dans cet immense pensionnat et se remettre au japonais par la pratique de celui-ci. Kasumi déposa alors ses bagages à l’accueil et partit donc à l’aventure : à la découverte du pensionnat Watari ! Tout d’abord, les étages : combien y en avait-il ? Bah, il suffirait de monter ! Ce qu’elle fit. Après avoir grimpé trois étages, elle soupira… Non, elle ne pouvait pas se permettre de traîner dans les couloirs… elle allait se faire repérer par quelqu’un alors que les autres avaient cours et se faire assaillir de questions ! C’est alors que Kasumi remarqua un petit escalier, bien moins majestueux que les autres, et l’envie lui prit de savoir où il menait.

C’est ainsi que la jeune fille se retrouva avec étonnement sur le toit du lycée, visiblement aménagé pour la promenade. Heureusement pour elle, il n’y avait personne à l’horizon. Tant mieux, elle pourrait profiter de ce vent frais qui caressait agréablement son visage. Il fallait avouer que le lycée était situé dans un cadre exceptionnel et la nature semblait avoir repris ses droits. Finalement, peut être qu’elle allait se plaire ici… Perdue dans sa contemplation du paysage, les mains tenant fermement la grille de sécurité, elle n’entendit pas la porte pourtant grinçante s’ouvrir derrière elle…

Kamui qui n'avait pas de cours aujourd'hui se baladait tranquillement dans les couloirs histoire d'explorer un peu l'endroit. Il avait tout d'abord visité le rez de chaussé sans vraiment comprendre la logique de l'architecture. Il se demandait souvent combien de temps il allait mettre avant de se retrouver dans ce pensionnat. De toute façon il y arriverait bien à un moment ou à un autre sinon il serait dans la galère. Kamui, dans le cadre de son aventure de découverte, monta au deuxième étage. Les salles de cours étaient maintenant derrière chaque porte. La plupart des batiments administratifs étaient donc au rez de chaussé, Quand au clubs ... Il avait pas vu de club ... Pendant que Kamui avancait, il entendait des bribes de cours ou de discussions du genre "wouah putain c'était mortel hier avec Sakura. On dirait pas mais c'est une grosse cochonne" ou alors des trucs du genre "les maths c'est de la merde en boite" Après ce genre de remarques, kamui avait des sourires un peu forcés sur le visage. Il avait envie de profiter de son pouvoir et de foutre des heures de colle et autre à tout le monde
Il ouvrit un bouton de sa chemise blanche et remarqua qu'il s'était habillé en tongues avec un jean et une chemise blanche. A le voir on dirait plus un lycéen redoublant qu'un professeur mais c'était pas un problème pour lui. Après tout il avait dit au proviseur qu'il était du genre à être plutôt décontract dans sa tenue et même si celui-ci n'avait pas l'air d'avoir tout compris sur le moment, au moins, il l'avait .dit. Il continua sa visite et finit par monter jusqu'au troisieme étage en se demandant quand il aurait finit. La structure des étages était vraiment des plus simples. les salles étaient numérotées dans l'ordre contrairement à certains établissements ou avec les salles des deux côtés des décalages étaient créés et ou on voyait 102 et 108 en face l'une de l'autre. Kamui venait de finir de faire sa petite ballade dans les différents étages quand en revenant vers l'escalier qui descendait, il remarqua un petit escalier qui avait l'air de mener encore plus haut. Il l'emprunta puis se retrouva dans une piece (GTO powaaa) qui servait de dépot et qui menait vers une porte qui semblait bien mener au toit. Kamui ouvrit doucement la porte puis remarqua une jeune fille dans une ravissante robe blanche qui lui allait à ravir. Le printemps était arrivé, et cette tenue ne pouvait que le mettre de bonne humeur, surtout portée par une aussi ravissante femme. Il s'approcha d'elle puis remarqua en s'approchant qu'elle devait sûrement être une élève. Vu de dos, elle était pas mal de poitrine (blague à grand père, c'est dur à comprendre pour certaines personnes) Une fois à son niveau il la regarda un moment puis se décida à la sortir de son rêve éveillé pour éviter de s'ennuyer.

Bonjour! Tu t'appelles ?

Kamui étalait un sourire serein sur son visage. Il se demandait si elle était nouvelle, quel âge elle pouvait bien avoir etc ... Il s'était tellement ennuyé pendant sa visite qu'il avait envie de discuter, de passer un peu de bon temps.

PS: désolé si c'est pas aussi long que toi mais je suis assez pressé et je préfére te répondre ce soir pour pas trop te faire attendre ^^

Kasumi était littéralement plongée dans ses pensées, songeant à son passé des plus tortueux. Ce paysage verdoyant qu’elle apercevait au loin et cette sorte de forêt qui bordait l’établissement lui rappelait la vie qu’elle menait au Japon. Une vie simple, en accord avec la nature, loin de toute forme de pollution. Pourtant ça n’étaient absolument pas des rustres ! Sa famille est très prestigieuse et quiconque se penche sur l’histoire du Japon médiéval constate qu’elle occupait une place importante dans l’empire. En effet, la plupart de ses membres étaient conseillers ou enrôlés dans l’armée impériale, qui existe encore d’ailleurs, mais uniquement pour le folklore. C’est pourquoi ils avaient tant de biens et de richesses… aujourd’hui chaque personne de cette noble famille était parfaitement insérée dans la société. Seule elle ne semblait pas avoir trouvé sa place… En tout cas, sa présence ici ne l’enchantait guère, elle ne pourrait pas avoir confiance en l’avenir, tout ce qu’elle apercevait ici lui remémorait son passé, jusque aux paysages !

La jeune fille au visage expressif était d’ailleurs tellement pensive qu’elle n’entendit pas la porte grincer, annonçant l’arrivée d’une personne. C’est pourquoi elle sursauta, agrippant un peu plus fermement cette grille de sécurité. Quelques instants plus tard, Kasumi se retourna le regard anxieux. Anxieux de savoir ce qui avait bien pu produire ce son. Et elle tomba nez à nez avec un grand jeune homme, aux cheveux d’ébène et affichant un sourire radieux et frais, presque contagieux ! S’étant maintenant complètement tournée vers l’inconnu au fin visage angélique, la future lycéenne le regarda un peu plus intensément. On aurait dit qu’elle était en train de le fixer, de regarder dans les moindres détails chaque parcelle de son être… mais ça n’était pas du tout ça ! Kasumi réfléchissait… à quoi ? A se remémorer ce que ce jeune homme a bien pu lui dire pour la faire sursauter. Elle pensait sûrement à ce moment là que ça devait paraître irrespectueux de détourner ainsi le regard lorsque quelqu’un parle, ou même pose une question. Bref, peu importe la raison, elle le fixait et se souvint vaguement de sa question. Et puis, il fallait avouer que ça n’avait rien d’étonnant à ce qu’on regarde un jeune homme pareil… le pauvre devait être habitué à être déshabillé du regard ! Kasumi connaissait aussi cette impression, que quelqu’un la regarde comme le premier prix d’une tombola (dixit Jasmine dans Aladdin XD) ou comme de la chair fraîche à savourer… très dégradant tout cela. Comme la n’étaient pas du tout ses intentions, la jeune fille reporta son regard sur autre chose, non loin du jeune homme. Sortant de sa réflexion métaphysique elle finit par prononcer quelques mots avec un léger accent germanique, qu’elle essayait de dissimuler au mieux :

« Heu… Bonjour ! Excuse-moi si j’ai sursauté… ça n’était pas dirigé contre toi ! »

*Heu… toi ?*

Un léger doute vint encore une fois envenimer les pensées de Kasumi. Quel âge ce jeune homme pouvait-il bien avoir ? Il était encore au lycée ? Ou alors… avait-il des responsabilités ici ? Mmh… mauvaise impression si c’était un représentant de l’autorité… Pourtant, son allure était certes élégante, son visage quant à lui était bien dessiné, mâture, comme adulte mais il y avait ce comportement assez décalé, ce style vestimentaire décontracté… La jeune fille hésitait ce qui se voyait sur son visage légèrement penché, la lèvre inférieure à peine mordillée. Comme si elle avait fait une grosse bêtise… De toute façon, il était trop tard maintenant qu’elle avait ouvert la bouche.

Quelques instants passèrent avant que Kasumi lâche le grillage et descende de son perchoir improvisé. Toujours l’esprit encombré de questions quant à cet inconnu au visage avenant, elle le regarda d’un regard plus pétillant qu’auparavant et lui demanda avec un grand sourire :

« Je m’appelle Kasumi, enchantée… ! Et…… toi ? C’est quoi ton nom ? »

*Quitte ou double…*

Cette longue hésitation était le signe que son cerveau fonctionnait encore, donc elle en a un aux dernières nouvelles ! Et ce sourire… ça n’était non pas parce que c’était hilarant de demander son nom à quelqu’un, mais simplement parce que si elle avait dit une connerie, ça passerait mieux avec le sourire.

Kasumi était toujours sur le toit, regardant timidement le grand jeune homme qui venait d’arriver. Ou pas… ? Ca se trouve il attendait depuis une heure qu’elle daigne bien le remarquer… ! Non quand même pas, du moins elle l’espérait. Quand la jeune fille l’aperçut, elle se demanda pourquoi elle ne l’avait pas remarqué plus tôt. Car, il fallait bien l’avouer, ce jeune homme était très agréable à regarder. La future lycéenne se demandait ce qu’un homme avec autant de prestance décontractée pouvait bien faire ici, dans un établissement scolaire. Il ne portait pas d’uniforme, et ne semblait pas être un professeur… Peut-être un travailleur qui présentait un projet aux élèves du lycée… Kasumi afficha un petit sourire lorsqu’elle pensa aux métiers qu’elle pouvait bien lui attribuer : ça allait de surfeur professionnel à mannequin, ou même chercheur ! Tant de questions d’une grande futilité tournoyaient dans le cerveau de la jeune fille aux grands yeux violacés ! Pendant qu’elle se torturait l’esprit, la germano-japonaise posa discrètement son regard sur le visage de l’inconnu au si joli visage. Un sourire qui l’était tout autant illuminait celui-ci… Kasumi espérait que la raison de ce sourire était son accent assez particulier. Elle sentait que ça la gênerait, que les gens ne la prendraient pas au sérieux ou la considéreraient comme une étrangère. D’autres seront au contraire attendris, charmés par la manière singulière qu’elle a de prononcer les mots. Le problème était que la jeune élève ignorait si c’était un sourire moqueur ou charmé.

Au bout de quelques instants, le jeune homme prit la parole, se présentant au nom de Kamui et étant… professeur ! A ce moment là, les yeux de la jeune fille se firent grands ouverts, non pas à cause de la surprise causée par cette profession, mais parce qu’elle avait osé le tutoyer. Elle avait donc perdu à son jeu imaginaire, somme toute. Ce qui l’étonna encore, c’est qu’il était nullement gêné qu’elle l’ait tutoyé… il parlait d’une manière très moderne. Etonnante pour un enseignant, même si la jeune fille ignorait comment ça pouvait bien se passer les cours dans une école. Kasumi avait en effet eu l’immense chance d’avoir un unique professeur, un professeur particulier, logeant chez elle et son frère en Allemagne, qui faisait quasiment partie de la famille. Elle avait donc une relation toute particulière avec cet être : c’était un mélange d’admiration, d’amitié, de respect et d’amour. C’était donc impossible de ressentir pareille chose, de partager cette complicité et cette affection avec un autre professeur. Ca lui faisait peur… car elle ne savait pas du tout à quoi s’attendre. D’ailleurs, ce fut la raison pour laquelle elle lui posa une question qui la taraudait depuis un moment :

« Mais… ça ne vous a pas dérangé que je vous ai tutoyé, tout à l’heure ? Je suis désolée, je ne savais pas que vous étiez professeur ici… »

Kasumi avait un air assez navré, la tête baissée, regardant le sol où étaient jonchées quelques fleurs de sakura qui avaient réussi à s’élever jusqu’ici. C’était joli… ça faisait si longtemps qu’elle n’avait pas vu cela de ses propres yeux… Comme dans un rêve, elle s’accroupit, ramassant une de ces fleurs maintenant placée dans ses mains jointes. Juste avant, le curieux professeur lui avait demandé depuis combien de temps elle était ici. Depuis sa rencontre avec cette jolie fleur, elle avait retrouvé le sourire, c’est pourquoi elle lui répondit joyeusement :

« Heu… ça doit faire… dix minutes, je crois ! Mais je n’ai pas encore d’uniforme… »

Uniforme… cela lui fit penser qu’il était professeur, et qu’il pouvait croire qu’elle séchait. Mmh, elle avait un peu trop tendance à le prendre pour son ami… c’était sûrement dû au comportement amical et avenant de Kamui-sensei. Kasumi, un peu apeurée tout de même, se reprit, serrant sa fleur contre elle :

« Mais, vous savez… je ne manque pas les cours ! On m’a donné une semaine pour m’habituer aux lieux, reparler japonais correctement… »

Son regard se posait intensément sur le visage du jeune professeur, comme si la jeune fille essayait de discerner les moindres réactions de celui-ci. Quelques instants plus tard, Kasumi reporta son attention sur la fleur, effleurant ses douces pétales rosées du bout des doigts. La sensation au toucher était fraîche, d’une étrange douceur. Voyant qu’elle avait un peu négligé le professeur, elle le regarda, un joli sourire sur le visage. Tout en montrant sa fleur elle lui dit :

« C’est joli… ! »

Bon, il fallait maintenant sortir du domaine du rêve et avoir une discussion intelligible avec le professeur Kamui. Parce que, en partant ainsi, elle allait passer pour une coincée ou une hippie. Levant les yeux au ciel, comme cherchant dans les profonds méandres de son cerveau la réponse à une question existentielle, elle réfléchissait intensément… pour sortir enfin quelques mots :

« Donc… vous ne savez pas quand vous avez cours ? C’est embêtant… mais je pense que vous pourrez demander à l’accueil, la dame est gentille et agréable. »

A vrai dire, elle n’en savait absolument rien… elle ne connaissait pas du tout la structure de l’établissement. Levant une nouvelle fois son regard violacé vers celui du jeune homme, d’un bleu profond, elle lui demanda d’un air sérieux :

« … Je peux vous poser une question… ? Est-ce que vous savez, comment ça se passe les cours, dans une école comme celle-ci ? »

Kasumi regardait toujours à sa manière assez spéciale le charmant professeur qui se tenait devant elle. La jeune fille se sentait déjà un peu plus à l’aise avec lui. Monsieur Kamui ne semblait pas être quelqu’un de très autoritaire, même si elle pensait qu’il devait être respecté… on pouvait aisément être tenté de devenir ami avec lui. Ami avec un professeur ? C’était étrange comme idée, mais pas pour la future lycéenne germanophone ! Elle avait déjà connu plus que de la simple amitié avec un professeur, le seul qu’elle ait jamais eu. Non pas qu’ils sortaient ensemble, mais leur relation était ambiguë, oscillant sans cesse entre amitié, admiration et sentiment amoureux. Bref, toujours est-il qu’elle se sentait assez à l’aise avec ce professeur qu’elle était bien tenter d’appeler par son prénom… mais elle se ravisa… plus tard, elle balancerait un « Kamui », promis. Scrutant du regard le visage harmonieux de Kamui, elle se prit à rêvasser de ses premiers moments en classe, en cours avec lui. Tout ce qu’elle retirait de cette expérience était une gêne incommensurable ! Pourquoi… ? C’était son regard… elle sentait que si il devait la regarder dans un moment pareil, elle se sentirait mal. Et c’est justement avec ce regard qu’elle craignait tant, un regard tendre et compatissant, qu’il prit la parole. Ainsi ça lui faisait plaisir qu’elle le tutoie ? Bah, c’était trop tard maintenant, elle l’avait vouvoyé… Ca ferait bête de changer d’énonciation toutes les deux minutes !

Kasumi ne pu s’empêcher de rire, d’un rire sincère et cristallin, à la fin du monologue du professeur Kamui lorsqu’il parla de sèche. Il avait plutôt des méthodes expéditives, celui là ! Même si au fond d’elle, Kasumi ne savait pas vraiment ce que c’était de sécher, quel plaisir ça pouvait procurer pour que tant de gens le fassent… Elle se doutait bien que les jeunes lycéens étaient bien plus occupés à chasser le gibier qu’à s’intéresser aux cours. Mais la jeune fille n’était pas une prédatrice, ni une proie facile. Pour l’instant, sa préoccupation principale était sa survie, ses relations sociales et ses études… l’amour, elle le cherchera plus tard, sauf si celui-ci venait de lui-même. Dans ce cas là, elle serait bien obligée de s’interroger sur elle-même et ses sentiments contradictoires. Bref, après qu’elle ait ramassé la fleur de sakura, la jeune fille retombée en enfance remarqua le regard que lui adressait Kamui-sensei. Il semblait observer soigneusement et silencieusement son visage. Ce regard bridé et perçant était plutôt déstabilisant, mais Kasumi essaya de cacher son trouble.

Par contre, la future lycéenne ne pu cacher sa surprise lorsqu’elle entendit les paroles élogieuses de son professeur. Il trouvait son accent et ses yeux jolis… c’était comme « lui », lui aussi lui disait des choses pareilles, avec un regard indescriptible. Mais, est-ce qu’au Japon, on a le droit d’être aussi taquin et intime avec un élève ? Kasumi avait gardé une image de ce pays assez négative où les gens étaient très formels, froids, où l’expression des sentiments en public était proscrite. Les temps ont sûrement changé… Regardant le sol, visiblement gênée, la jeune fille ne su que répondre :

« Je… merci beaucoup ! Euh… et mon accent vient d’Allemagne ! Voilà… »

Mais la pauvre ne pu s’empêcher d’ajouter :

« Et… je ne sais pas si c’est bien de dire ça… mais moi aussi, je vous trouve très joli, Kamui-sensei… »

Au moins, elle avait le mérite de dire ce qu’elle pensait ! Bon, c’était pas très élégant, ni très malin de le dire maintenant… elle verrait bien, après tout. La fleur de sakura toujours entre ses deux mains, la jeune fille écouta son professeur parler à propos de l’hôtesse d’accueil. Apparemment, celle-ci n’avait pas été très amicale avec lui. Mais il semblait bien à Kasumi que c’était cette femme qui l’avait accueillie avec un joli sourire. Un doigt porté sur sa bouche, elle réfléchissait : peut-être qu’elle avait fait une bonne impression et que cette hôtesse ne jugeait que par les apparences. C’était plausible, étant donné avec quel air décontracté se promenait Kamui… elle n’avait pas du apprécier qu’un professeur se balade comme ça.

« Peut-être que… que j’ai fait bonne impression… ou alors, elle est schizophrène. »

La jeune fille lui sourit un instant et regarda sa main. La fleur n’y était plus, elle avait du s’envoler un peu plus loin. Après lui avoir posé avec un air très sérieux une question qui l’était tout autant, le professeur lui répondit, avec cette vivacité, cette jeunesse qui le caractérisait si bien qu’il n’en savait rien, mais que ses cours à lui seront mémorables. Kasumi n’en doutait pas ! Il semblait tellement distrait et bordélique qu’il était difficile de le considérer comme un professeur… c’était comme un adolescent, un homme qu’on voulait avoir pour ami. Ca devait être un de ces génies au naturel phénoménal. Kasumi resta un instant, le sourire aux lèvres, à le contempler pendant qu’il parlait. Tout ce qui se trouvait autour d’eux était comme effacé et seul cet homme semblait briller par sa présence. Après qu’il ait parlé du déroulement de ses cours, la future élève répliqua, croisant les bras en faisant une petite moue boudeuse :

« Moi aussi, je veux faire des mots croisés… »

C’était ce comportement étrange et ambigu qui poussait la jeune fille à être aussi proche de lui. Elle savait qu’il était accueillant et ne prenait pas tout au premier degré, donc elle plaisantait, comme avec n’importe quelle personne de son âge.